Les Cercles dramatiques de Maubray.
Poursuivant sur
sa lancée, OMER HELLIN a complété l’historique des fanfares par celui des
cercles dramatiques. Pour ce qui regarde la période d’après-guerre, les
informations dont il dispose concernent essentiellement la troupe LA
RENAISSANCE, dont il fit partie pendant plusieurs années ; il ne lui a pas été
possible de reconstituer dans le détail l’activité de l’autre cercle, ARS &
CARITAS, malgré les efforts déployés à cette fin.
AVANT LA GUERRE 1940-1945.
I. CERCLE SAINT LOUIS
Dans
l’entre-deux-guerres, une troupe théâtrale a agrémenté régulièrement,
semble-t-il, c'est-à-dire une ou deux fois par an les loisirs des
Maubraisiens. Elle portait le nom de « CERCLE SAINT LOUIS » et se produisait
dans la salle des fêtes du Patronage. Les rôles étaient tenus exclusivement
par la gent masculine ; il n’était en effet pas question, à l’époque,
de mixité dans la salle précitée.
Un document de 1927 précise la composition du comité :
- Président : JOSEPH FONTAINE (il occupa la présidence de la fanfare L’UNION
après la guerre).
- Directeur : LEON BRABANT (il fut après guerre le régisseur du cercle
dramatique LA RENAISSANCE).
- Secrétaire : GEORGES VIVIER.
Les acteurs les plus fidèles semblaient être : Léon BRABANT, Floride
CARLIER, Jean-Baptiste CROMBEZ (dénommé : «el petit Batisse »), Louis
DELLETTRE (« Louis du Marichau »),Valère DONNEZ ( « Valère Raguette »),
Albert HELLIN (« Albert du Piston ») Couronné HUANT (« Couronné du Cras »)
Alphonse MARGHEM ( « Alphonse du Molicheux »), Simon LEVEAUX (« Simon
Molvert »), Jules MARTINAGE, Henri VICO.
Les « programmes des représentations » encore disponibles actuellement sont
rares ; nous n’en possédons que deux ; ils donnent une idée du genre de
pièces qui se jouaient à l’époque :
Séance du dimanche 3 avril 1927.
1e partie :+ LE RELIQUAIRE DE L’ENFANT ADOPTIF, drame en 4 actes se
déroulant sous la Régence en 1718.
2e partie :+ LE SAC DE SCAPIN : comédie en un acte.
+ LES DEUX RESERVISTES : comédie en un acte.
Le piano était tenu par Melle LEFEBVRE, tandis qu’Alphonse MARGHEM
assurait la séquence « intermèdes variés ».
Séance du dimanche 3 février
1929.
1e partie : + LE SECRET DU LEPREUX, drame en trois actes se
déroulant au château de Rochebaron au XVe siècle.
2e partie : + SERVICE D’AMI, comédie en un acte.
+ L’HOMME DU GAZ, comédie en trois actes.
On retrouvait Alphonse MARGHEM dans son répertoire.
II. LA RENAISSANCE
Les origines et les raisons de la
création de cette seconde troupe, dénommée LA RENAISSANCE, se révèlent
aujourd’hui nébuleuses (nous pensons que la troupe a dû coexister avec le
CERCLE SAINT LOUIS).
S’agissait-il :
de la résultante d’une dissidence éclose au sein du CERCLE SAINT LOUIS, en relation avec les querelles liées à l’inimitié entre les tenants des deux sociétés musicales ?
ou d’une initiative relevant du seul souci de présenter un spectacle différencié, prolongé par une soirée dansante ?
Les tensions non dissimulées propres à la vie associative locale de l’époque inclinent à privilégier la première partie de l’alternative.
Il apparaît en tout cas qu’A TOUT LE
MOINS une représentation eut lieu – le dimanche 19 novembre 1933 – au Salon
TANFIN-VICO, c-à-d dans la salle couplée au local de la Fanfare L’UNION. Il
serait étonnant qu’elle fut la seule, mais il est certain qu’il n’y en eut
aucune durant la guerre 4O-45.
(N.B.- Après la guerre, le cercle dramatique qui prit ses quartiers au Salon
TANFIN fut aussi appelé LA RENAISSANCE, sous la direction de Léon BRABANT,
ce qui semble corroborer la thèse évoquée ci-avant selon laquelle les deux
cercles en question se situaient dans la même mouvance, en opposition au
CERCLE SAINT LOUIS)
Le « programme » de cette représentation
du 19/11/1933 fait état de l’interprétation :
en première partie : d’un drame (« EVREUX »),
en deuxième partie : d’une comédie (« RATATOUILLE DE BRUXELLES », en patois maubraisien)
Le nom du directeur n’apparaît pas sur le document. Le piano était tenu par Melle Adrienne PLAQUET. Un bal clôturait la soirée.
Les acteurs avaient noms : Jules MARTINAGE, Robert MONTEGNIES (« Robert DU KET »), René DURIEUX (« René BROQUET »), Paul HERCHEUX, Georges VIVIER, Clément DURIEUX (« Clément BROQUET »), Hector DURIEUX (« Hector BROQUET »), Louis DELLETTRE (« Louis du MARICHAUX »), Jean Jurion, Maurice Hanot, Edouard HELLIN, Marcel LUCAS (el PETIT BOUCHER »), Cinna VICO, Jean-Baptiste HAUTEM.
On notera :
que, tout comme au patronage, la distribution ne comporte aucun élément féminin,
qu’à l’exception de trois acteurs,
dont le secrétaire, tous les autres sont différents.
DURANT LA GUERRE 1940-1945.
De 1942 à fin 1944.
Les
séances organisées pendant la guerre visaient à récolter des fonds en
vue d’en faire profiter les prisonniers de guerre de la commune, via
l’envoi de colis contenant des victuailles. Elles avaient lieu
uniquement dans la salle des fêtes du Patronage (N.B. : Le Salon
TANFIN-VICO est resté inexploité pendant toute la guerre) et,
comme auparavant, étaient animées par des acteurs exclusivement de sexe
masculin. La troupe portait le nom de « CERCLE DRAMATIQUE DE MAUBRAY »
(filiale du SECOURS D’HIVER). Les représentations étaient soumises à
autorisation du Comité Exécutif Central de la Croix Rouge.
Le
comité se composait de :
- Président : JOSEPH DELLETTRE (il fut trésorier de la fanfare
L’UNION après la guerre).
- Directeur : PAUL DELLETTRE (il fut
directeur de la fanfare ROYALE et du cercle dramatique ARS & CARITAS
après la guerre).
- Secrétaire : MAURICE DEREPPE (il fut
administrateur du cercle dramatique ARS & CARITAS après la guerre)
La troupe se composait d’une vingtaine d’acteurs : Roger ALLARD, Léon
BOCQUILLON, Georges DEFROYENNES, Gilbert DEREPPE, Roland DEREPPE, Albert
DEREUX, Gérard d’HAENE, Léon DUPONT, Clément DURIEUX, Jean FONTAINE,
Henri HELLIN, Léon HELLIN, Jules HUANT, Jean JURION, Jean LETURCQ,
Marcel LEVEAU, Henri MARLIER, Henri MARTINAGE, Alfred MORY, Luc
VANLANDUYT, Arthur VICART, Léon VICO, Maurice VICO, Maurice VIVIER.
On dénombra cinq représentations de 1942 à fin 1944 :
- Les dimanches 20 et 27 décembre 1942.
+ LA MARRAINE DE
BOUDINET, comédie en un acte de Lebas et Sténier.
+ D’ABIME EN ABIME,
drame en trois actes de Jules Ruhl.
+ A QUI LE NEVEU, comédie en deux
actes de Théodore Botrel
- Le dimanche 21 février 1943.
+ LA VIPERE ROUGE,
drame en quatre actes de Marcel Boisnard.
+ LE TRIBUNAL EN FOLIE,
comédie en trois actes de Marcel Dubois et A. Achaume.
Intermèdes par
Alfred MORY, Maurice VIVIER et l’orchestre.
- Le dimanche 31 octobre 1943.
+ ARGENT DE SUITE,
comédie dramatique en un acte de G. d’Hébilliez
+ TOUCHE AU COEUR,
drame en un acte de Paluel-Marmont.
+ MATINEE A 15 HEURES, pièce
policière en trois actes de Marcel Dubois.
En ce qui concerne les
bénéficiaires des fonds recueillis, le « programme » désignait aussi,
indépendamment des prisonniers de guerre, les nécessiteux de la commune.
- Les dimanches 5 et 12 mars 1944.
+ LE CRIME DE LA
PLACE PIGALLE, vaudeville en un acte de René Bruxeuil.
+ LE BAILLON,
drame en cinq actes.
+ NOS BICYCLISTES, opérette en un acte de
Théodore Botrel.
- Le dimanche 17 décembre 1944.
+
CONCOURS DE CHANTS ET MONOLOGUES.
+ REVUE DU PRISONNIER, de Maurice
Brabant.
Au profit des familles des prisonniers de guerre, politiques
et déportés.
Plusieurs acteurs figurant sur le programme
ci-annexé sont des « prisonniers rapatriés », càd ayant été libérés
avant la fin des hostilités.
TENTATIVES DE SECESSION DU CERCLE EN 1943-44.
Comme signalé supra, toutes les œuvres dramatiques sélectionnées
avaient pour seul lieu de représentation la salle du Patronage, placée
sous l’autorité – çàd la responsabilité et la direction – du curé de la
paroisse. En 1943-44, l’abbé DESONNIAUX eut à intervenir dans un conflit
de personnes : entre GERARD DUMONT d’une part, et PAUL DELLETTRE d’autre
part, suite à une tentative de sécession visant à la création d’un
second cercle théâtral au sein de l’établissement. Sans vouloir
découvrir la couronne, on peut supposer qu’il s’agissait plus que
probablement d’un prolongement des querelles d’avant-guerre trouvant
leur origine dans la scission de la « SOCIETE DES FANFARES DE MAUBRAY »
en 1923 .
Dans une lettre adressée à
chacun des « belligérants », l’abbé DESONNIAUX fit preuve d’une
grande fermeté, comme en témoignent les extraits ci-après :
« En raison de ma mission pastorale, j’ai le devoir impérieux de
veiller à l’entente cordiale entre toutes mes ouailles. Feu
Monseigneur RASNEUR, au moment de ma nomination comme curé de
Maubray m’a dit textuellement :
DANS LA PAROISSE OU VOUS ALLEZ,
IL Y A DES DIVISIONS : vous veillerez et vous travaillerez à apaiser
tous ces conflits pour mener tous vos catholiques à vivre en
concorde et vous éviterez avec soin toute cause de discorde.
Fidèle à cette mission, je me permets de vous communiquer ce qui
suit au sujet de la dramatique.
En acceptant la juxtaposition de
deux cercles dramatiques distincts dans mon patronage, local
d’œuvres catholiques, j’accepte du même coup un ferment de division.
Fatalement, deux sociétés dramatiques catholiques, avec des acteurs
de la même localité, aboutiront à créer la rivalité, la jalousie et
la division. Du théâtre, ces divisions se répandront dans la
paroisse et l’on aboutira après un certain temps à créer une
atmosphère de discorde entre catholiques qui, en vertu même de la
religion de charité qu’ils pratiquent, devraient plus que tout autre
donner l’exemple d’une grande cordialité. Ces discussions, à
certains moments importants de la vie nationale font toujours le jeu
des adversaires de la religion. En conséquence, il n’y aura pas deux
dramatiques distinctes, et moi-même je reforme un nouveau cercle
dont j’aurai la direction et je demande aux deux anciens groupements
de se dissoudre pour venir fusionner dans ce nouveau cercle
dramatique. Il va de soi que les anciennes directions conserveront
leurs prérogatives et jouiront ensemble des mêmes pouvoirs à mes
côtés. La direction des réunions importantes soit du comité soit des
assemblées me sera réservée. Tout desiderata sérieux et grave de la
part des dirigeants me sera exposé au préalable pour éviter toute
cause de mésentente.
Dans le cas d’acceptation de votre part,
voici la composition de la direction décidée par moi-même :
-
Président directeur : Monsieur le curé,
- Vice-présidents : Paul
DELLETTRE et Gérard DUMONT,
- Secrétaire : Léon BRABANT,
-
Trésorier : Maurice DEREPPE. ».
S’adressant ensuite par écrit à
Gérard DUMONT, qu’il avait rencontré la veille, l’abbé DESONNIAUX
précisait :
« J’ai mûrement et longtemps réfléchi. Une phrase
surtout a retenu mon attention : Il est impossible de s’entendre,
avez-vous dit. Songez-vous, Monsieur DUMONT, aux conséquences
fatales de cette situation ; c’est le chemin tout grand ouvert à de
nouvelles divisions dont je serai rendu, avec raison, responsable.
Or, mon ministère sacerdotal m’impose avant tout l’obligation de
travailler à éviter toute cause de conflit, chose si néfaste dans
une paroisse surtout entre catholiques. En ce moment où le pays a
tant besoin d’union, nous devons faire l’impossible pour nous
entendre, chose à mon avis très réalisable. C’est pourquoi j’ai
décidé de provoquer une réunion à la cure entre votre comité et
celui de CARITAS un des premiers jours de la semaine prochaine ».
En l’absence d’une (ou des
deux ?) partie(s) en cause, cette réunion n’a pu se tenir !
Peu
de temps plus tard, soit après la débâcle allemande (septembre
1944), l’abbé DESONNIAUX fut muté et remplacé par l’abbé LEBRUN.
Gérard DUMONT laissa, semble-t-il, tomber les bras car son nom
n’apparut plus par la suite, au contraire de celui de Paul
DELLETTRE. Il reste que le ver était dans le fruit !
Année 1945.
Deux
représentations eurent lieu en 1945 : les 7 et 14 janvier d’une part, et
les 22 et 29 avril d’autre part (soit quelques jours avant la
capitulation allemande). La troupe prit le nom de Cercle Dramatique ARS
& CARITAS. Le fauteuil de président fut occupé par le Curé LEBRUN, ce
qui signifie que la proposition de l’abbé DESONNIAUX fut quand même
retenue. Joseph DELLETTRE devint le président d’honneur. Paul DELLETTRE
garda le directorat , ainsi que Maurice DEREPPE le secrétariat et la
trésorerie.
On constatera que le nom de Léon BRABANT disparut de
l’épure.
Aux acteurs précédemment enrôlés – la plupart poursuivirent leur
participation – vinrent s’ajouter : Germain HELLIN, Florimond MARGHEM,
Yves PICALAUSE, Edmond ROBERTE, Léon VIVIER.
Séances des 7 et 14 janvier
1945.
+ EN BELGIQUE SOUS LA BOTTE NAZIE, drame en quatre actes de
P. Dellettre.
+ LA SUCCESSION BEAUGAILLARD, comédie en trois
actes de Antony Mars.
Au profit des familles des déportés de
Maubray.
Séances des 22 et 29 avril 1945.
+ UNE CLASSE MODERNE, comédie en un acte de Roland Dereppe.
+ DU
STALAG AU MAQUIS, drame en quatre actes de Paul Dellettre.
+ LE
DOCTEUR PILULE, comédie en un acte de Roland Dereppe..
Ci-après l’extrait du COURRIER DE L’ESCAUT du 4 mai 1945 relatif à cette deuxième représentation (29/04), à laquelle participèrent par ailleurs les sept premiers prisonniers rapatriés :
APRES LA GUERRE 1940-45.
Au cours du premier semestre de
1946, quatre ( !) représentations théâtrales eurent lieu dans le
village :
- deux au Patronage, par le cercle ARS & CARITAS,
dirigé par Paul DELLETTRE :
Le 20 janvier 1946 :
+ LE DRAME DU NORD-EXPRESS, drame en trois actes de Dubois et Achaume.
+ UN CADAVRE DANS UNE VALISE, comédie en un acte de V. Renier.
+ UN
MILLION QUI MANQUE, comédie en un acte de Sténier.
Le 19 mai 1946 :
+ LES MAINS PURES, drame en trois
actes de Bradfer.
+ BOUDINET AU BLOC, comédie en un acte de Lebas et
Sténier.
+ BARNABE SIMPLET, comédie en un acte de Paul Dellettre.
- deux au Salon TANFIN, par le cercle nouvellement créé par :
-
Jules MARTINAGE : président,
- Léon BRABANT : directeur,
- Jean LETURCQ : secrétaire,
et dénommé
"LA RENAISSANCE" :
Le 24 février 1946 :
+ LA FIANCEE DU PILOTE, comédie dramatique en trois actes de
Paul Depas.
+ LES DEUX TIMIDES, comédie-vaudeville en un acte.
+
SACRE LABICHETTE , vaudeville en un acte de Henri Dewit.
Intermèdes
par M-J Degallaix et Alfred Mory. Piano tenu par Jules Cauvin.
Bal.
Le 12 mai 1946 :
+ PAR-CI ! PAR-LA !, comédie en un acte de
Dufourmantel.
+ LE BERCEAU, comédie dramatique en trois actes de Paul
Depas.
Intermèdes par Alfred Mory et Gisèle Lucas.
Bal avec
l’orchestre Swing orchestra, d’Antoing.
Il faut savoir qu’à l’époque, les
deux fanfares issues de la partition de 1923 avaient repris leurs
activités après une période d’inactivité de cinq ans due à la guerre, à
savoir :
la fanfare L’UNION, qui avait
son local au café CHEZ TANFIN ; le cercle dramatique LA
RENAISSANCE trouva refuge dans la salle appartenant au cafetier.
la fanfare ROYALE, dirigée par
Paul DELLETTRE, dont le local se trouvait chez Jeanne
HELLIN
(dite Jeanne du Djalo) ; la société ARS & CARITAS, également sous la
houlette
de Paul DELLETTRE, disposait d’une moindre autonomie,
puisque dépendante de la scène
du Patronage.
Ainsi, par rapport à ARS & CARITAS,
LA RENAISSANCE comptabilisait deux « plus » d’importance :
le fait de disposer d’une grande
salle appartenant au propriétaire du local (CYR TANFIN) et
permettant l’organisation de grandes représentations théâtrales
suivies de bals (NB.- La
danse n’était pas de mise au
Patronage).
l’aspect « mixité » de la troupe
Ces deux « handicaps » ou
« carences » furent déterminants dans la décision prise par ARS &
CARITAS/FANFARE ROYALE d’édifier leur propre salle, laquelle fut dès
lors connue sous le nom de « nouveau salon » (pour plus de détails à ce
sujet, voir la partie : FANFARES DE MAUBRAY : HISTORIQUE) et inaugurée
en 1947.
L’animosité caractérisant les
relations entre les tenants des deux fanfares trouva son prolongement au
niveau des deux cercles dramatiques :
Ainsi, par exemple, lors de sa
dernière prestation au Patronage (séance du 19 mai 1946 évoquée
ci-avant) ARS & CARITAS avait introduit l’entrefilet suivant dans le
programme distribué aux spectateurs :
« Maubraisiens, vous serez
tous au Patro le 19 mai prochain pour encourager la troupe qui a
porté si haut son renom artistique dans toute la région.
Comme
vous le remarquerez (et nous nous en excusons vivement), nous avons,
par unique souci de conciliation, reporté notre séance du 12 au 19
mai.
Nous nous étions enquis de la date retenue par LA
RENAISSANCE. Les acteurs de ce cercle nous avaient renseigné le 19
mai. Nous avions donc choisi le 12 mai. Or, pour ne pas souffrir
d’une séance donnée le 19 mai à Callenelle, LA RENAISSANCE a, au
dernier moment, changé la date de son concert, et n’a pas voulu
revenir sur cette décision.
Fidèle à sa ligne de conduite, ARS &
CARITAS qui, fort de son droit, aurait pu lui aussi maintenir la
date du 12 mai, a préféré poser UNE FOIS DE PLUS un geste
d’apaisement, certain du reste de l’approbation générale.
Tous au
poste le 19 mai. »
L’anecdote relatée ci-après
témoigne aussi du fait que les positions pouvaient être très
tranchées au sein de la population :
« A la fin de la décennie
1940, une jeune demoiselle venant de prendre domicile à Maubray
s’est vue approchée par un dirigeant d’ARS & CARITAS qui la
sollicita de rejoindre la troupe. Ravie, elle marqua son
assentiment, mais dut se raviser rapidement, car son employeuse, à
qui elle en avait fait état, lui fit comprendre qu’elle deviendrait
persona non grata en cas de persistance dans son choix. On la
comptabilisa par la suite au sein du cercle LA RENAISSANCE… et elle
garda (conforta ?) son emploi ! ».
De 1947 à 1963/64.
A partir de 1947, chaque cercle
dramatique disposait donc de sa propre infrastructure :
- ARS &
CARITAS au nouveau salon,
- LA RENAISSANCE au salon TANFIN, devenu
par la suite salon JURION.
D’un côté comme de l’autre :
-
les perruques et grimes étaient exécutées par Eudore Godart, de Tournai,
- les costumes et décors venaient de la maison Léon Dupuis, de Tournai,
- la partie musicale était le plus souvent assurée par l’orchestre
d’ELIE LECLERCQ, de
Maubray.
Un point qui mérite d’être mentionné
est la grande fidélité des acteurs et actrices envers leur cercle. Les
transfuges ont été vraiment très peu nombreux et ont chaque fois joué
dans le sens ARS & CARITAS vers LA RENAISSANCE ; les personnes
concernées étaient de sexe féminin.
Chaque troupe produisait deux
séances annuelles, pendant la période hivernale.
Ainsi, en fait de
représentations théâtrales, Maubray a été comblé pendant la quinzaine
d’années qui suivirent la seconde guerre mondiale. Puis, la saturation
ayant joué à plein, ce fut le silence le plus complet. LA RENAISSANCE
présenta son dernier spectacle en février 1964 ; ARS & CARITAS avait
cessé tout activité un peu plus tôt.
La TV et l’automobile portent, à
n’en pas douter, une grande responsabilité dans cette extinction.
LA VIE DES DEUX CERCLES
DRAMATIQUES.
ARS & CARITAS.
Comme signalé dans le préambule,
nous ne disposons que de peu d’informations sur les activités de la
troupe ; presque toutes les sources consultées ont tari très vite.
La direction était aux mains de
Paul DELLETTRE, et le secrétariat entre celles de Maurice DEREPPE.
Vers 1960, suite à la maladie du directeur, la continuité fut
assurée par le secrétaire. Quelques années plus tard, la société
cessa ses activités et la société fut dissoute (en même temps que la
Fanfare ROYALE) fin 1965 ; le nouveau salon fut acquis par Jacques
JURION.
Paul DELLETTRE décéda en mars 1962, à l’âge de 65 ans.
Les pièces jouées les plus
souvent citées et qui semblent donc avoir marqué les esprits sont :
- L’ARLESIENNE,
- LES DEUX ORPHELINES,
- LA PORTEUSE DE PAIN,
- LE BATARD,
- ON PURGE BEBE.
La photo ci-après présente la
troupe telle qu’elle existait un peu avant 1950 :
- A
l’arrière-plan : …. ?....., Maurice DEREPPE, Maurice VICO, Paul
DELLETTRE,
(directeur), Luc VANLANDUYT, Gilbert DEREPPE, Amand
ESCALIER, Florimond
MARGHEM, Georges DURIEUX, Edmond ROBERTE.
- A l’avant-plan : les sœurs DIERICKX, Louise LUCAS, Georgette
DEROECK, Jacqueline
LEMAIRE, Annette ESCALIER, Elisabeth
DELLETTRE (fille de Paul), Marie SAROT.
Une autre photo, qui date du 6
mars 1955, présente le cercle ARS & CARITAS lors de la
représentation de la pièce LE BATARD :
- A l’arrière-plan :
Gilbert DEREPPE, Albert DETOURNAY, Oswald DERUITTERE, Jeanne
HIAS.
- Au deuxième plan: Paul DELLETTRE (directeur), Jules
HUANT, Luc VANLANDUYT,
Georges DURIEUX, Florimond MARGHEM, Robert
VIVIER, Yvette DELLETTRE,
Edmond ROBERTE.
- A l’avant-plan :
Elisabeth DELLETTRE, Annette ESCALIER, Marine REAL.
- Dans
le rectangle : Claudine COQUERIAUX.
Sont encore issues de
l’interprétation du BATARD (6 mars 1955) les quatre photos
suivantes :
S’ensuivent deux photos prises
pendant la représentation de ON PURGE BEBE (1955) où apparaissent
Edmond ROBERTE et Robert VIVIER
D’autres acteurs/actrices sont
probablement venus s’ajouter après 1955 à ceux mentionnés ci-avant,
parmi lesquels Paul DELLETTRE Junior.
LA RENAISSANCE.
La troupe commençait ses
répétitions, au café TANFIN (JURION), par la lecture des
textes de la pièce à interpréter, avant de passer sur scène un peu
plus tard dans le temps. Dans l’enceinte du Salon, sous la scène,
une cave fut aménagée (avec chauffage parfois improvisé) afin de
faire patienter les acteurs et actrices. L’atmosphère y était plus
que conviviale, malgré la température pas toujours à la hauteur des
espérances !
Au décès de Léon BRABANT, en
1956, la direction fut confiée à Alfred MORY et le secrétariat à
Robert DUTRIEUX. Le choix des pièces à interpréter fut toujours le
fait de Maurice BRABANT, le fils de Léon. En 1960, Albert LUCAS
succéda à Jules MARTINAGE comme président. Le piano était tenu par
Jules CAUVIN, au cours des premières années, puis par Henri NOEL (en
1953-54-55-56). Les intermèdes (chants) étaient assurés
principalement par Alfred MORY, Maurice VIVIER, Jacques DEREUX (le
« TINO » maubraisien), Liliane DUHAUT, Lucienne POLLAERT (= LUCY
PAULE).
En 1947 (30 mars), le cercle
prit part au tournoi organisé par le cercle LES ENFANTS DU PLAT
D’OR, de VEZON, où il interpréta un drame en deux actes de Henri
Bordeaux (UN MEDECIN DE CAMPAGNE). La troupe se classa en bonne
position et le prix du meilleur acteur fut décerné à Maurice
BRABANT.
Le noyau de base du cercle fut
constitué par (jusqu’en 1950) : Jeannine AERTS, Louise ALLARD, Léa
BERLAND, Maurice BRABANT, J-Bte CROMBEZ, Edouard DELFORGE, Albert
DEREUX, Jacques DEREUX, Josette DONNEZ, M-J DURIEUX, Omer HELLIN,
Jean JURION, Jean LETURCQ, Marcel LEVEAU, Albert LUCAS, Gisèle
LUCAS, Laurent LUIDINANT, Roger LUIDINANT, Gérard MARGHEM, Gérard
MARQUANT, Carmen MINET, Ghislaine MONTEGNIES, Alfred MORY, Marcel
VICO, Michel VANNIEUWENHUIZE, Stéphane VIVIER.
Sont venus s’y ajouter, de 1950
à 1955 : Edgard CATOIRE, Lucien DARMUSIAUX, Micheline d’HAENE,
Rachel d’HAENE, Alberte DONNEZ, Jacqueline HELLIN, Jocelyne LUCAS,
Josiane MORY, Monique MORY, Lulu POLLAERT (connue maintenant sous le
nom de LUCY PAULE), Brigitte VANDENBROECK, Julien VICO.
Et après 1955 : Edmond CORDESSE,
Robert CORDESSE, Micheline DEGALLAIX, Paul DESMYTER, Jeannine
DUTRANNOIS, Marie-Laure DUTRANNOIS, Claudette GRISSELIN, Clément
HELLIN, Jeanne HIAS, A-M JURION, Jean LEROY, Marcelle LUCAS, Jean
MAHIEU, René REGIBO, Albert VICO, Roland VICO.
A l’énoncé du titre des pièces
qui furent interprétées par LA RENAISSANCE, on ne peut s’empêcher de
constater que ses visées étaient loin d’être modestes. De fin 1946
au début de 1964 (dernière représentation), la liste s’articule
chronologiquement comme suit :
- QUAND LE CŒUR CHANTE – UN
MEDECIN DE CAMPAGNE – LE FIANCE DE JOSETTE,
- SANG BELGE – LE
TAMPON DU CAPISTON,
- LA PRIERE DES NAUFRAGES – EDGARD ET SA
BONNE,
- LE FILS DE L’AVEUGLE – MIMI PINCHEON,
- LE COURRIER
DE LYON – ON A SOUVINT B’SOIN,
- LES CROCHETS DU PERE MARTIN –
L’RAISON DU PLUS FORT,
- LE COMTE DE MONTE-CRISTO,
- ROSE
MICHEL – MOUTON,
- LE BOSSU,
- TERRE D’EPOUVANTE –
CONTRE-APPEL,
- LA BATAILLE – MANU MILITARI,
- OTHELLO,
-
ROMEO ET JULIETTE,
- LES MISERABLES,
- CŒUR D’INDIENNE,
-
LES DRAMES DU CABARET,
- LES TROIS MOUSQUETAIRES,
- LE TRESOR
DE LA PAGODE – SVSM – L’FACTEUR…ET L’POSTE,
- JACQUES LE CORSAIRE – DON CESAR DE BAZAN – LE GITANO,
- LE
MAUGRE,
- BEN-HUR,
- MICHEL STROGOFF,
- LA PUCELLE
D’ORLEANS,
- EUGENIE GRANDET,
- LA DAME DE MONSOREAU,
-
ROCAMBOLE.
A quelques unités près, tous les programmes de ces
représentations ont été protégés et restent disponibles.
La photo ci-après fut prise lors
de la représentation du 18 avril 1948 (LE FILS DE L’AVEUGLE). Y
figurent, de gauche à droite : Ghislaine MONTEGNIES, Maurice
BRABANT, Jules MARTINAGE, Carmen MINET, Omer HELLIN, Jean LETURCQ,
Gérard MARGHEM, Jacques DEREUX, Léon BRABANT.
La photo suivante date du 18
mars 1951, lors de l’interprétation de CONTRE-APPEL, une
bouffonnerie militaire ; de gauche à droite : Léon BRABANT, Gérard
MARGHEM, Omer HELLIN, Jacques DEREUX.
Toujours le 18 mars 1951, d’une seconde pièce au programme, « TERRE D’EPOUVANTE », ont été tirées les trois photos suivantes (dans l’ordre, de gauche à droite) :
Léon BRABANT, Alberte DONNEZ, Jules MARTINAGE, Carmen MINET.
Debout : Stéphane VIVIER, Omer HELLIN (le noir), Gérard MARGHEM, Carmen MINET. A l’avant-plan : Jean LETURCQ, Albert LUCAS.
Léon BRABANT, Jeannine
AERTS, Julien VICO (le noir), Jocelyne LUCAS, Alberte DONNEZ,
Jean JURION.
Laurent LUIDINANT, Jean
JURION, Maurice BRABANT, Maurice VIVIER.
Lors de l’interprétation de LA
DAME DE MONSOREAU, le 27 janvier 1963, la troupe se composait de :
Photo 1 :
- à l’avant-plan : A-M JURION, Josette DONNEZ, M-L
DUTRANNOIS, Claudette GRISSELIN, Micheline DEGALLAIX
- à
l’arrière-plan : Marcel VICO, Albert VICO, Jean MAHIEU, Paul
DESMYTER, Maurice BRABANT, Lulu POLLAERT, Robert DUTRIEUX, Alfred
MORY, Jeanne HIAS, Edmond et Robert CORDESSE.
Photo 2 :
Albert VICO, Jean MAHIEU, Christian PETIT
LE SYNDICAT D’INITIATIVE.
C’est au début des années 1960 que, sous l’impulsion de Robert
LEROUX, un Syndicat d’initiative vit le jour à Maubray (Président : Robert
LEROUX ; vice-président : Lucien VERFAILLE ; secrétaire : Maurice BRABANT ;
trésorier : Paul DELLETTRE Junior). Parmi les manifestations à caractère
artistique à mettre à son actif figurent quelques représentations
théâtrales, exécutées par des membres des deux cercles dramatiques locaux,
toutes appartenances confondues :
Le dimanche 3 septembre 1961 : Un
« SON et LUMIERE », dans le cadre prestigieux de la ferme historique de
Morlies, retraçait l’histoire de Maubray.
Le dimanche 7 avril 1963 : LE JEU DE
LA PASSION (40 exécutants) dans la salle du Patronage.
Les samedi 16 novembre 1963, dimanche 17 novembre et dimanche 15 décembre , respectivement dans la salle du Patronage, au Salon JURION et au Nouveau Salon : L’PUS BIEAU DES VILLACHES, vaudeville en trois actes d’Edmond ROBERTE, caricaturait les figures typiques du village.
Le Syndicat d’initiative s’éteignit vers 1968-69.
Plus de 40 ans se sont écoulés depuis que
le dernier rideau s’est refermé sur les scènes maubraisiennes et aucune
tentative de reprise d’activité ne s’est manifestée depuis lors.
AUTRES TEMPS, AUTRES MŒURS ! Sans espoir de retour ???
OMER HELLIN
(Novembre 2006)
(révision :juillet 2009)
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