Les Fanfares de Maubray.
OMER HELLIN a retracé
ci-après, avec un souci d’objectivité et de stricte neutralité, l’historique de
l’activité musicale maubraisienne depuis son départ identifié en 1860 jusqu’à
son extinction à la fin du siècle dernier. Elevé dans le sérail – son père
ALPHONSE (mieux connu sous le sobriquet de « Piston », bien qu’il jouât le
baryton) n’était-il pas fondateur puis trésorier de la FANFARE L’UNION ? – il
devint lui-même musicien au sein de cette phalange dès sa reprise
d’activité en 1945, après la seconde guerre mondiale. Son analyse présente un
choix de photos et documents d’époque qui ne manqueront pas de réveiller plus
d’une pensée sans doute nostalgique…
SEISME DE 1923.
Les causes de cette fracture ne sont pas à rechercher du côté
d’éventuelles divergences à caractère politique ou philosophique, comme ce
fut souvent le cas dans pas mal de localités de la région; elle fait suite
purement et simplement à une querelle d’ordre familial. On a
peine à réaliser aujourd’hui qu’un différend au cœur d’une famille, certes
influente, ait pu conduire à une division du village en deux clans, une
rupture qui perdura pendant plusieurs décennies et qui, par ailleurs, laissa
des séquelles dans la population jusqu’il y a peu !
LA FAMILLE
CONCERNEE.
Pour comprendre l’électrochoc qui s’est produit fin 1923, il n’est
pas superflu de reproduire la composition, à l’époque, de l’ensemble
familial concerné, au sein duquel furent parties prenantes trois sœurs
portant le patronyme de VICO :
FLORINE VICO :
elle épousa CYR TANFIN, d’origine française ; le couple – qui
n’eut pas d'enfant - exploitait, en tant que propriétaire, le café
(et la salle des fêtes) « CHEZ TANFIN », situé près du Pont Royal,
qui abritait le local de la société des FANFARES DE MAUBRAY.
CHARLOTTE VICO :
elle eut deux
enfants en premières noces : MARIE et EUGENE JURION
De son union en secondes noces avec EDOUARD LEMOINE naquit :
CELINA LEMOINE
:
qui épousa PAUL DELLETTRE, connu sous le sobriquet de PAUL DU
CLERC (à la suite de son père, Julien, décédé en 1943, il
officia en tant qu’organiste à l’église du village; d’où son
surnom lui attribué héréditairement). PAUL DELLETTRE avait deux
sœurs :
MARIE :
qui épousa E. ROBERTE, et qui furent les parents d’EDMOND
ROBERTE, membre notoire du Cabaret Wallon Tournaisien (dans
les années 70-80).
FERNANDE :
qui s’unit à LEONCE VIVIER.
Une des soeurs
d'Edouard LEMOINE : JOSEPHINE LEMOINE, épousa Agathon VIVIER;
leur fille unique Célina, prit LUC
VANLANDUYT pour époux.
JOSEPHINE
VICO :
elle contracta mariage avec LEOPOLD DELHAYE, appelé communément
Popol Miché Délé.
A divers titres, toutes ces personnes jouèrent un rôle déterminant dans la crise de 1923 (ainsi qu’a posteriori d’ailleurs, en ce qui concerne les descendants des couples formés respectivement par les trois soeurs). Le différend opposa :
le couple
TANFIN-VICO, associé aux JURION, d’une part,
à tous les autres
membres des familles VICO-LEMOINE-DELLETTRE-VIVIER, d’autre part.
LES FAITS.
En 1923, la
société des FANFARES DE MAUBRAY était présidée par JULES CAUCHY
(tailleur) et dirigée par PAUL DELLETTRE (comptable) ; le
secrétariat était aux mains de JEAN-BAPTISTE HAUTEM (ouvrier
carrier) et la trésorerie entre celles d’EDOUARD LEMOINE (boucher).
Les événements qui
aboutirent à la scission de la fanfare – il faut bien dire que
tout cela laisse rêveur aujourd’hui – ont connu les déroulements
suivants :
Au cours de la
répétition du samedi 22-12-1923 au local, CHEZ TANFIN,
l’assemblée décida en vertu d’un vote de 18 voix contre 13 de
transférer le local chez JEANNE HELLIN (mieux connue sous le nom
de JEANNE DU DJALO), propriétaire d’un café avec petite salle
annexe, situé de l’autre côté de la grand place par rapport au
café TANFIN (NB.- Le bâtiment a été détruit il y a quelques
années en vue de l’aménagement d’une route sous le pont du
chemin de fer). La décision fut ratifiée par tous et le
nouveau local inauguré le jour même par tous les membres ayant
pris part au vote ; « après une brabançonne, on y continua la
répétition ».
Coup de théâtre une semaine plus tard, le samedi 29-12-1923. Au cours de la répétition, 17 membres ayant pour porte-parole LOUIS GAVELLE déclarèrent qu’à la suite du vote du 22/12 leur place n’était plus dans la société et, joignant le geste à la parole, quittèrent le nouveau local. Leur démission fut acceptée par les 23 membres restant dans la société à cette date, dont faisaient partie le président CAUCHY, le chef DELLETTRE, le secrétaire HAUTEM et le trésorier LEMOINE. Les 17 membres dont question, qualifiés de « dissidents », s’en retournèrent au local de départ en emportant instruments de musique et partitions.
Comme de nombreux
Maubraisiens étaient concernés directement ou indirectement par ce
changement de local, on peut imaginer aujourd’hui, par la pensée, toutes
les tractations et jeux d’influence qui eurent cours dans les chaumières
du village pendant cette semaine du 22 au 29 décembre 1923 !
ACTIONS EN JUSTICE.
Justice de paix.
Afin de récupérer instruments et partitions, le groupe des 23,
appuyé par un certain nombre de membres effectifs, soit au total 35
personnes, dont les noms sont repris ci-après, introduisirent une
action auprès de la justice de paix d’Antoing :
CAUCHY JULES, tailleur, président
LEMOINE EDOUARD, boucher, trésorier (dit : le boucher Piériguenasse)
DELLETTRE PAUL, comptable, chef (dit : Paul du Clerc)
HAUTEM JEAN-BAPTISTE, ouvrier carrier, secrétaire
MARLIER LOUIS, ouvrier carrier, porte-étendard (dit : Louis du Borne)
VICO ALPHONSE, soldat (dit : el gone)
VIVIER AGATHON, cultivateur (dit : Gathon du Soureau)
VIVIER LEONCE, typographe
HELLIN GERARD, typographe
HELLIN JOSEPH, ouvrier carrier (dit : Joseph du Dek)
HELLIN JOSEPH fils, ouvrier carrier
CANTILLON GUSTAVE, ouvrier électricien (dit : Gustave del Copérative)
PONDEVILLE OSCAR, couvreur (dit : el Paveux)
PONDEVILLE JEAN-BAPTISTE, couvreur (dit : el Gahide)
PONDEVILLE JULES, poseur
DETOURNAY LOUIS, ouvrier carrier (dit : Louis Malisse)
OLIVIER JUVENAL, ouvrier carrier
LEVEAUX EDMOND, sans profession
LUCAS ALBERT, plafonneur
LUCAS WALTER, poseur
DEFROYENNES LEON, charron (dit : Léon d’Kain)
QUINTARD LEON, journalier (dit : Léon du Dek)
DENIS ALBERT, sans profession
CANTILLON HENRI, menuisier à Callenelle
PRINGALLE ALPHONSE, négociant (dit : Alphonse Clémentine)
MARTEL CHARLES, typographe à Callenelle
LEMOINE EDOUARD, cultivateur à Wiers
DAMBRAIN MARCEL, instituteur (dit : Marcel du ganin)
PLANCHON CHARLEMAGNE, ouvrier carrier (dit : Camonne)
MARTINAGE HENRI, menuisier
CUIGNET ALPHONSE, cantonnier
CROMBEZ JEAN-BAPTISTE, cantonnier (dit : Batiss du Beute)
PONDEVILLE MARCEL, sans profession
PROCUREUR VICTOR, cordonnier
MOLLET ALBERT, ouvrier carrier.
La cause fut introduite à l’audience du 29-01-1924 et renvoyée à diverses audiences pour être finalement retenue à celle du 24 mars 1924. Les demandeurs eurent Maître BREBART, avocat à Tournai, comme défenseur, tandis que le groupe des « dissidents » (représenté par JULES MARTINAGE) fut défendu par Maître LELUBRE, avocat à Tournai également.
Maître LELUBRE,
dans son plaidoyer :
prétendit que les « dissidents » n’avaient jamais donné leur démission, malgré leur départ, et faisaient donc toujours partie de la société,
signala que les convocations pour l’assemblée du 22-12-1923 ne faisaient pas état du transfert de local et que le vote qui eut lieu dans ces conditions, vu l'importance, devait être considéré comme un vote de surprise, irrégulier, et que la décision devait être annulée, tous les membres n’assistant pas à la réunion.
précisa que les « dissidents » étaient prêts à se soumettre à la décision prise par un nouveau vote à la suite d’une convocation régulière de tous les membres inscrits, mais que les demandeurs ne voulaient pas entrer dans la voie de la conciliation.
Sur quoi, le juge
de paix RENE CLEMENT tint l’affaire en délibéré dans l’espoir de
voir se conclure un accord à l’amiable « en vue de la concorde dans
le village » (sic). En l’absence d’un tel accord, elle fut
finalement jugée le 31-07-1924.
LA DEMANDE FUT CONSIDEREE COMME NON FONDEE ET LE GROUPE DES 35
DEBOUTE .
Procédure d’appel.
S’ensuivit alors un pourvoi en appel introduit par le groupe des 35
auprès du Tribunal de première instance de Tournai dès le 21 août
1924.
L’affaire fut
plaidée en audience publique par Maître BREBART le 18-12-1924 et le
jugement, prononcé par le juge CONNART, fut enregistré à Tournai le
10 janvier 1925. A la stupéfaction des dissidents, LE TRIBUNAL DE
PREMIERE INSTANCE ANNULA LE JUGEMENT DE LA JUSTICE DE PAIX ET DONNA
RAISON AU GROUPE DES 35, arguant des faits que :
les sociétaires avaient été convoqués régulièrement à la réunion du 22-12-1923,
le règlement de la société stipulait que les membres étaient tenus d’assister aux réunions convoquées et ne disait pas que l’ordre du jour devait être indiqué avec précision,
dans une petite commune comme Maubray, des membres de la société n’avaient pas pu ignorer l’importante question du changement de local qui allait être débattue, alors que cette question avait déjà été envisagée au cours d’une réunion précédente ; le vote n’avait donc pu être acquis par surprise,
aucun membre ayant pris part au vote n’avait fait de réserve contre les résultats acquis ; tous étaient partis au nouveau local et avaient pris part à son inauguration,
l’attitude adoptée le 29-12-1923 par les « dissidents » prouvait qu’ils devaient être considérés comme démissionnaires.
LA RUPTURE ETAIT
DONC CONSOMMEE .
PASSAGE D’UNE A DEUX
FANFARES.
FANFARE ROYALE.
La fraction de la
société des FANFARES DE MAUBRAY installée dans son nouveau
local chez JEANNE HELLIN demeura sous la présidence de JULES CAUCHY
et sous la direction de PAUL DELLETTRE. Elle fut dorénavant désignée
sous l’appellation de FANFARE ROYALE. Forte du jugement d’appel,
elle garda le drapeau d’origine (1860), un comportement qui ne fut
pas toujours bien accepté par les « dissidents », qui considéraient
que l’étendard devait rester au local de départ. Ce drapeau, en bon
état de conservation à l’heure actuelle encore, comporte au sommet
de sa hampe un tourniquet auquel sont accrochées une dizaine de
médailles récoltées lors de participations à des concours et
festivals à la fin du 19e siècle.
Le président JULES CAUCHY décéda en juillet 1926. A l’occasion de ses funérailles, un discours fut prononcé duquel on retiendra surtout les passages ci-après :
« Notre président fut l’âme qui anima notre phalange en lui insufflant le goût de l’art musical, qui en fait à présent une des plus fortes de la région. Il fut le rempart qui sauva notre drapeau et nos biens en péril ! Et justice lui fut rendue de façon éclatante ! Ne l’entendez-vous pas encore, musiciens qui êtes passés par ces heures d’angoisse, vous répéter sans se lasser : ne craignez rien, j’ai pour moi le Droit et la Justice ! Et c’était vrai, Messieurs. Puis sont venues les heures de gloire… » (NB. : avec les points d’interjection comme dans le texte d’origine).
Des paroles qui
en disent long sur l’ambiance qui régnait à l’époque !
FANFARE L’UNION.
Les « dissidents »
retournèrent donc au local d’origine, chez TANFIN, et créèrent la
FANFARE L’UNION. Un nouveau drapeau fut conçu portant le millésime de
1925. Mise en selle par VICTORIEN WALLEMACQ (chef), sous l’égide
d’ALEXANDRE SALIGOT (président d’honneur), de GUSTAVE LEPOIX (président)
et de HENRI MOLLET (vice-président), la fanfare connut un excellent
démarrage ; elle compta jusqu’à 40 exécutants, tous Maubraisiens.
Lorsque VICTORIEN quitta le village en 1932, il s’est trouvé un jeune
élément pour prendre le relais, à savoir JULES MARTINAGE fils (le
« p’tit Jules », comme l’appelaient ses musiciens). A la
vice-présidence, ELIE MAGIS occupa le fauteuil laissé vide par la
disparition de HENRI MOLLET.
Un insigne métallique (on dirait aujourd’hui : un badge, un pin's) en
forme de lyre, portant le nom de la fanfare, fut créé ; chaque musicien
avait le sien et l’arborait lors de chaque sortie.
DE 1924-25 A 1940.
Pendant cette période
précédant la seconde guerre mondiale, la vitalité des deux fanfares
n’était pas un mythe. Maubray comptait un grand nombre de musiciens ;
les « musiques » tenaient en effet une place importante dans la vie
associative locale. Il faut dire que les habitants vivaient
essentiellement intra-muros et que la pratique de l’art musical
constituait à n’en pas douter un agrément et un dérivatif privilégiés.
Toutes deux
participaient aux manifestations patriotiques et religieuses du village.
Pour les différencier sans faire appel à leurs noms respectifs, on les
désignait – et ce fut toujours le cas après la guerre – sous les
vocables de :
MUSIQUE DU CLERC, pour la ROYALE ; ses sympathisants étant les « Cléricaux »,
MUSIQUE TANFIN, pour L’UNION ; qui rassemblait les « Tanfinaux »
D’aucuns, avant la
guerre, allaient jusqu’à appeler la Musique Tanfin : MUSIQUE DU CURE ;
il semble qu’on ait voulu traduire par là l’animosité qui régnait, à un
moment donné, entre PAUL DELLETTRE, clerc-organiste à l’église, et le
curé LE MAITRE, à la forte personnalité, qui apportait plutôt sa
sympathie à L’UNION.
La rivalité entre
fanfares se concrétisait parfois sur le terrain par des altercations
d’ordre physique ; il est arrivé en effet qu’à l’occasion de sorties,
lorsque les fanfares se croisaient, un pugilat éclatât entre musiciens !
DE L’IMMEDIAT
APRES-GUERRE A 1960.
LE NOUVEAU SALON.
Après cinq années
d’inactivité totale due à la guerre 40-45, l’occasion eut été belle
pour les deux fanfares d’oublier les querelles du passé ou tout au
moins de les transcender et de repartir unies sur de nouvelles
bases. Mais hélas, cette mise en veilleuse n’a pas suffi à atténuer
les rancoeurs et rivalités antérieures ; elles se sont même trouvées
exacerbées suite à la construction par la ROYALE d’une salle des
fêtes (ou « salon ») comparable en dimensions à celle de L’UNION
(propriété de CYR TANFIN-VICO) située à deux pas ; elle devint le
nouveau local de la ROYALE.
Son édification
fut réalisée sur un terrain appartenant à PAUL DELLETTRE et à son
épouse, et confiée à l’entreprise CHERON, de Péruwelz. Afin de la
financer, une ASBL fut fondée le 26 mars 1946 (Moniteur du 27
avril 1946) sous la raison sociale de « L’ESSOR MUSICAL ET
DRAMATIQUE DE MAUBRAY » ( E.M.D.M.) ; elle émit des « parts
nominatives de fondateur » remboursables à la dissolution de
l’association par partage de l’actif social au prorata des apports.
En fait, des appels de fonds furent effectués à diverses reprises et
à tout le moins jusqu’à la fin de 1954.
L’ASBL en question
fut fondée par 26 membres, tous Maubraisiens, dont les noms et
sobriquets figurent ci-après :
BEUDIN LEON, cultivateur (dit : Léon Pistoulet)
BRUNIN HECTOR, journalier
CANTILLON CLEOPHA, électricien (dit : Cléo ou Cléopha du Gorin)
DECLERCQ JULES, cultivateur (dit : Jules Manneken)
DEFROYENNES GEORGES, instituteur
DEFROYENNES LEON, charron (dit : Léon d’Kain)
DELHAYE LEOPOLD, cultivateur (dit : Popol Miché Délé)
DELLETTRE PAUL, comptable (dit : Paul du Clerc)
DEREPPE MAURICE, comptable
DEREUX ADOLPHE, cultivateur (dit : Adolphe de l’Impéreur)
HELLIN AME, journalier (dit : Amé Michorelle)
HELLIN LEON, employé
LELEUX GASTON, horticulteur
LEMOINE EDOUARD, sans profession (dit : le boucher Pieriguenasse)
LUCAS GEORGES, cultivateur (dit : Georges Raguette)
LUCAS LOUIS, contremaître (dit : Louis du Bélote)
MARGHEM EDOUARD, entrepreneur
PETIT VALERE, cultivateur (dit : Valère Manneken)
PONDEVILLE OSCAR, couvreur (dit : el Paveux)
RIBAUCOURT CHARLES, cultivateur
ROBERTE EDMOND père, commerçant (dit : el Baron)
VANLANDUYT LUC, instituteur (dit : Mon sieu Luc)
VICO ALPHONSE, journalier (dit : el gone)
VICO RENE, journalier (dit : René du thym)
VIVIER CAMILLE, cultivateur (dit : el grand Camil)
WAROUX JULES, comptable.
On retrouve dans cette liste certains noms qui faisaient partie du groupe des 35 lors de l’action en justice de 1924.
D’une manière générale, l’objet de l’ASBL était « le développement des arts musical et dramatique dans la commune de Maubray ». Chaque associé devait verser lors de son admission un minimum de 100 francs (soit l’équivalent de 2,5 euros) et sa responsabilité était limitée au montant de l’apport ; l’ensemble des associés constituait l’assemblée générale. Le nombre des administrateurs fut fixé à six pour le premier mandat de six ans ( PAUL DELLETTRE, OSCAR PONDEVILLE, CHARLES RIBAUCOURT, EDOUARD MARGHEM, LUC VANLANDUYT, CAMILLE VIVIER ) et celui des commissaires à trois (MAURICE DEREPPE, ADOLPHE DEREUX, GASTON LELEUX).
Lors de
l’assemblée générale du 25 janvier 1953 (Moniteur du 7 mars 1953),
on nota la démission d’EDOUARD MARGHEM et d’OSCAR PONDEVILLE en tant
qu’administrateurs et de MAURICE DEREPPE en tant que commissaire. Ce
dernier fut appelé aux fonctions d’administrateur, tandis que
son fils GILBERT lui succédait comme commissaire.
Dans le jargon
populaire, on opposa alors couramment « le nouveau salon » au
« vieux salon » ; ironiquement, certains allèrent jusqu’à
assimiler celui-ci à une... grange ! Tout était relatif, il est
vrai.
REPRISE DES
ACTIVITES MUSICALES.
La FANFARE ROYALE
reprit ses activités avec PAUL DELLETTRE comme chef, et
respectivement LEON BEUDIN et CHARLES RIBAUCOURT comme président et
vice-président.
Le local resta chez JEANNE HELLIN jusqu’à la mise en service du
nouveau salon. Elle participa à quelques reprises au
festival musical d’Ostende.
La FANFARE
L’UNION, quant à elle, fut durement éprouvée par la guerre ; elle
perdit non seulement son chef, JULES MARTINAGE fils, mais aussi deux
de ses bons musiciens : JOSEPH HELLIN et ROBERT LEKEUCHE ; une
plaque commémorative (avec photos) leur fut dédiée et trône toujours
en bonne place sur un des murs intérieurs du vieux salon.
De plus, la défection avait occasionné de sérieux vides dans ses
rangs au sortir du conflit mondial, en ce sens que plusieurs
musiciens d’avant 1940 ne regagnèrent plus le port d’attache.
Pendant la courte période qui précéda la nomination d’un nouveau
chef, la fonction fut assumée à titre provisoire par JULES MARTINAGE
père (par déférence), puis par ROBERT MONTEGNIES. Pour occuper le
poste à titre définitif, l’unanimité se fit sur le nom de FLORIDE
CARLIER, un musicien-fondateur de L’UNION.
GEORGES LUCAS fut nommé sous-chef. ELIE MAGIS devint président
et JOSEPH FONTAINE vice-président.
ACTIVITES
1945-1960.
Comme par le passé
et sans discontinuer, les deux fanfares assistaient tant aux deux
processions annuelles qu’aux cérémonies patriotiques et communales ;
leurs places au sein des cortèges étaient invariablement les mêmes,
de sorte que leur attribution ne donnait jamais lieu à
contestations. La FANFARE ROYALE participait aussi à la visite au
cimetière après les vêpres de la Toussaint.
Plus aucun pugilat
ne fut à déplorer ! A noter toutefois qu’à l’occasion d’un retour
au local, après une sortie probablement bien arrosée, les musiciens
de la FANFARE ROYALE, épaulés par les sympathisant(e)s qui les
accompagnaient, s’arrêtèrent devant le café TANFIN et entamèrent une
ronde, avec l’intention non dissimulée de narguer, ce qui n’eut pas
l’heur de plaire aux tenants de la FANFARE L’UNION lorsque les faits
furent portés à leur connaissance. Aucunes représailles ne furent
cependant à déplorer. Des incidents de ce genre ne se reproduisirent
plus par la suite.
Brusque changement
de cap : le 11 novembre 1946, après la cérémonie à l’église, un
cortège partit vers le monument aux morts situé à la Rue de la
gare ; à mi-chemin, la FANFARE ROYALE le quitta subitement pour se
diriger seule vers le cimetière, tandis que L’UNION, prenant la tête
du cortège, poursuivait l’itinéraire normal en compagnie des
autorités et des enfants des écoles. Il faut savoir que ce monument
cristallisait le symbole des mésententes des années d’avant la
guerre ; en fait, L’UNION a toujours considéré que le
monument, édifié en 1924 à la mémoire des victimes de la première
guerre mondiale, était en quelque sorte sa chasse gardée, le terrain
ayant été offert gracieusement à la commune par la famille
DUGAUQUIER, sympathisante de la phalange. Les choses
rentrèrent dans l’ordre l’année suivante.
Un autre épisode
croustillant, révélateur de l’animosité persistante, concerna la
nomination d’un instituteur communal en 1949, en remplacement de LUC
VANLANDUYT, par ailleurs musicien à la FANFARE ROYALE. Deux
candidats postulaient la fonction :
GEORGES DEFROYENNES, Maubraisien de souche et membre de la FANFARE ROYALE,
ROBERT DUTRIEUX, habitant Fontenoy, et favorable à la FANFARE L’UNION.
Avant la réunion du conseil communal qui devait procéder à l’élection, les supputations allaient bon train quant aux chances de chacun des candidats ; les pronostics donnaient plutôt « l’enfant du village » comme favori.
Indépendamment de leurs opinions politiques, la plupart des conseillers communaux possédaient leurs propres sensibilités, avouées ou cachées, en faveur de l’une ou l’autre fanfare. Le soir de la délibération, quelques musiciens de la ROYALE s’étaient réunis au café communal tandis que ceux de L’UNION s’étaient rassemblés dans un café voisin, chez JULIEN LEROY, pour faire l’aubade à « leur » vainqueur une fois le verdict connu. A la grande surprise des observateurs neutres, la nomination fut acquise à ROBERT DUTRIEUX par 5 voix contre 4. Le conseiller suspecté d’avoir fait la différence fut invectivé à plusieurs reprises dans les mois qui suivirent.
ROBERT DUTRIEUX
devint par la suite, en reconnaissance, le secrétaire de la FANFARE
L’UNION.
Toujours à la même
époque de l’année, c-à-d sans concertation préalable nécessaire, les
fanfares célébraient leur SAINTE CECILE : dernier dimanche de
novembre pour la ROYALE et premier dimanche de décembre pour
L’UNION. Après les exécutions interprétées au cours de l’office
religieux commençait immuablement la tournée des cafés (il y en
avait une dizaine à l’époque !) suivie du banquet auquel se
joignaient les membres effectifs ; un bal clôturait la journée. Le
lundi soir, un souper entre musiciens parachevait les festivités.
Fanfare Royale :
Fanfare L'Union :
Après chaque
sortie, les fanfares rejoignaient leur local respectif en terminant
leurs prestations par l’exécution de la brabançonne. L’UNION
poursuivait par la marseillaise, à l’adresse du tenancier CYR
TANFIN, vu ses origines françaises. Les répétitions se tenaient le
vendredi soir à L’UNION et le samedi soir à la ROYALE.
Lors des deux
kermesses annuelles du village, chaque salon organisait un bal (de
20 heures à 01 heure 30 : un horaire différent de celui que les
discothèques actuelles proposent !) tant le dimanche que le
lundi. Les « inconditionnels » y assistaient les deux soirs dans la
seule salle de leur clan, tandis que les « indifférents »
alternaient : le dimanche d’un côté, le lundi de l’autre en fonction
de la qualité des orchestres.
Des
représentations théâtrales avaient lieu deux fois l’an également
dans chaque salle, à des dates différentes. Chaque société possédait
en effet sa propre troupe :
ARS et CARITAS, au nouveau salon ; dirigée par PAUL DELLETTRE, qui cumulait donc les fonctions de directeur,
LA RENAISSANCE, au vieux salon ; dirigée par LEON BRABANT, qui fut le père du dernier bourgmestre de Maubray (MAURICE BRABANT).
La même animosité
caractérisait les relations entre les deux cercles dramatiques !
Chaque fanfare comptait de 20 à 30 musiciens, tous formés sur le tas par les plus anciens, et habitant au village. L’UNION bénéficiait aussi régulièrement de l’apport de musiciens de la FANFARE SAINTE CECILE, de Vezon, dirigée à l’époque par GERARD LOUETTE ; ce courant de sympathie entre les deux phalanges s’expliquait par la présence de FLORIDE CARLIER, chef de L’UNION, comme musicien à Vezon.
Sous le directorat de FLORIDE CARLIER, L’UNION connut des fortunes diverses, les périodes de vaches maigres (dues surtout à l’absentéisme) prenant souvent le pas sur celles des vaches grasses. Il reste que, faisant face à la situation sans se décourager, il parvint à insuffler un esprit de camaraderie qui triompha des difficultés et permit à la société d’assurer sa pérennité.
Cette période fut
par contre celle de l’âge d’or de la FANFARE ROYALE, dont les
performances musicales – toutes relatives, il est vrai –
surpassaient en tout état de cause celles de L’UNION.
Au cours de ces
années, L’UNION connut quelques modifications au sein de son
comité :
JOSEPH FONTAINE succéda comme président à ELIE MAGIS, suite à la disparition de celui-ci quelques années après la guerre,
La vice-présidence fut par la suite confiée à ROBERT LUCAS,
Lors du décès
de son père en 1952, ALBERT SALIGOT (dit : Albert du Malin) fut
désigné comme président d’honneur.
Au début des
années 1950 et pendant plus de 20 ans, L’UNION organisa en août la
« fête de la moisson ». Le lieu de célébration se déplaça rapidement
de la place du village vers le Burisieaux, chez ROBERT LUCAS, où se
tenaient le dimanche après-midi un concert de musique et diverses
animations. La fanfare s’y rendait, à partir de son local, précédée
de deux géants (BLEUET et COQUELICOT), qu’elle avait fait
confectionner pour la circonstance.
La FANFARE ROYALE,
quant à elle, procédait chaque année à son « tir du roi ».
En 1954, et à peu
près simultanément, les deux fanfares ont équipé leurs musiciens de
képis, préférentiellement dénommés « casquettes » par ceux-ci. Les
casquettes de la ROYALE étaient de couleur verte, tandis que L’UNION
avait choisi le bleu aviateur.
Vingt ans plus tard, L’UNION troqua les siennes contre des
couvre-chefs bleu foncé et bordeaux, afin de les mettre en
concordance avec ceux de la Fanfare SAINTE CECILE de VEZON, vu
l’entraide existant entre les deux phalanges.
Musiciens
de la Fanfare L'Union au 01/11/1956
Carlier
Floride (Chef)
Lucas Georges (Sous-chef ; Saxo-alto)
Lejeune Hervé (Bugle solo)
Pondeville Oscar (Bugle solo)
Jurion Eugène (1er Bugle)
Waroux Walter (1er Bugle)
Vandennieuwenbroeck Oscar (1er Bugle)
Gobert Jean (1er
Bugle)
Altruye Jean (1er Bugle)
Marghem Gilbert (2e
Bugle)
Carlier Jean (1e Trompette)
Jurion Jean (1e
Trompette)
Hellin Omer (1e Trompette)
Vico Cinna
(1er Piston)
Dereux Jacques (Saxo-alto)
Hellin
Paulin (Saxo-alto ; 1e Trompette)
Donnez Albert (1er Alto)
Vico Michel (1er Alto)
Hellin Alphonse (1er Baryton)
Renaud Marcel (1er Baryton)
Martinage Jules (1er
Baryton)
Tonniaux Roger (1er Trombone)
Saligot
Maurice (1er Tuba)
Leroy Julien (1er Tuba)
Hottiaux
René (2e Tuba)
Marghem François (Grosse caisse)
Blocqueau Albert (Petite caisse)
Hellin Grégoire (Petite
caisse)
A cette liste est venu s’ajouter : LUCAS
Walter (1er Trombone)
Puis, en 1965, quatre musiciens
issus de la défunte Fanfare Royale :
VICO Maurice (bombardon)
QUINTARD Léon (petite caisse)
PONDEVILLE Fernand (1er
Piston)
HENNEQUIN Henri (1er Bugle)
1960 : ANNEE CHARNIERE.
1960 constitua en quelque
sorte une année charnière dans la vie des fanfares maubraisiennes. Pour
employer un langage approprié, disons qu’elle marqua :
le crescendo de L’UNION,
le decrescendo de LA
ROYALE.
L’UNION.
En 1960, FLORIDE
CARLIER, soucieux de ne pas empêcher la génération montante de
s’affirmer, passa le flambeau en tant que chef à son fils JEAN. A 25
ans à peine, cadet des musiciens, JEAN se voyait propulsé de la
dernière à la première place. Il entama alors avec beaucoup
d’énergie l’œuvre de redressement et de renouvellement
indispensables à la survie de toute société d’un certain âge. Il
s’improvisa professeur de musique et se mit à enseigner l’ABC à de
jeunes élèves. La moyenne d’âge de la fanfare, qui tendait à
s’élever d’année en année, fut brusquement abaissée par
l’intégration de ceux-ci. Un autre volet du travail accompli fut
l’augmentation du nombres de répétitions, sorties et exécutions
publiques, et l’élévation notable du niveau des œuvres interprétées.
Pour la première fois, la fanfare participa au tournoi de l’IPEL
(Institut Provincial de l’Education et des Loisirs). Toutes ces
innovations furent de nature à donner une véritable impulsion au
développement de la société.
L’UNION se déplaça
à plusieurs reprises en dehors du village :
à Fontenoy : pour l’ouverture de la fancy-fair de l’école Saint Michel (à la demande de ROBERT DUTRIEUX) ; annuellement, de 1964 à 1971, début août, l’ensemble musical défila dans la rue principale et interpréta différentes œuvres au cours de la messe dominicale.
à Wiers : en
visite chez le vice-président OSCAR (7 fois au total de 1959 à
1968).
FANFARE ROYALE
La santé du chef, PAUL
DELLETTRE, déclina brusquement à la fin des années 1950, au point que
par la force des choses il dut abandonner les rênes de la société ; son
beau-frère, LEONCE VIVIER lui succéda.
Celui-ci mit tout en œuvre pour préserver l’aura de la phalange et la
conduisit à une brillante célébration du centenaire en septembre 1962
(soit avec deux ans de retard par rapport à la date de création).
Plusieurs sociétés musicales y prêtèrent leur concours lors d’un
cortège et différents concerts furent donnés dans le village. PAUL
DELLETTRE n’eut pas l’occasion de vivre cet événement puisqu’il décéda
en mars 1962, à l’âge de 65 ans.
Hélas, cette commémoration, qui constitua le « point d’orgue » de l’existence de la fanfare, ne connut pas de lendemains enchanteurs. Dans les mois qui suivirent, LA ROYALE se délita au point de sombrer totalement un peu plus tard et d’être dissoute fin 1965, en même temps que le cercle dramatique ARS et CARITAS. Une demi-douzaine de ses musiciens rejoignirent, au coup par coup, la FANFARE L’UNION, tandis que les autres cessèrent toute activité musicale.
Le nouveau salon fut mis en vente immédiatement après la dissolution et fit l’objet d’une acquisition par JACQUES JURION fin décembre 1965. Il apparaît que les actionnaires de départ – en tout ou en partie ( ?) – n’ont pas récupéré leurs apports en capital, l’entreprise CHERON (qui avait construit le bâtiment en 1946) ayant recouvré par priorité les montants qui lui restaient dus.
Le salon fut
transformé… en garage par le nouveau propriétaire.
UNE TROISIEME SOCIETE : LA CLIQUE.
Au début de la
décennie 1960, ROBERT LEROUX – copropriétaire de l’entreprise CHICOREE
LEROUX, à Orchies (France) – qui possédait sa maison de campagne à
Maubray, commença à s’investir dans la vie associative du village, par
le biais d’un engagement dans des activités à caractère sportif (balle
pelote, cyclisme). Dans la foulée, il fut à l’origine de la création
d’un SYNDICAT D’INITIATIVE, qui rassembla notamment des personnes issues
des deux tendances artistiques locales avec, en soutien, le curé de la
paroisse, LEON DEPAUW. Le comité se composait de :
ROBERT LEROUX, président,
LUCIEN VERFAILLE (secrétaire communal), vice-président,
MAURICE BRABANT, secrétaire,
PAUL DELLETTRE Junior, trésorier.
Le dessein de ROBERT LEROUX était, à n’en pas douter, de réunir sous une même direction les deux sociétés « antagonistes », initiative qui se solda toutefois par un échec. Il faut savoir qu’à l’époque, les rapports de force entre les deux fanfares étaient en train de s’inverser : la ROYALE entamait son déclin alors que L’UNION amorçait sa phase ascendante ; les dirigeants de L’UNION n’étaient dès lors pas prêts à composer.
Il reste que ROBERT
LEROUX, à travers le SYNDICAT D’INITIATIVE, contribua à donner une
impulsion à la vie locale. Ainsi :
Une fête de SAINT HUBERT fut mise sur pied en 1961 (ROBERT LEROUX était un grand chasseur devant l’éternel) et se reproduisit les années suivantes, chaque premier dimanche de juillet. Elle continue à être célébrée à l’heure actuelle, 45 ans plus tard !
Des représentations théâtrales interprétées par des acteurs émanant des deux « bords » furent organisées ; une d’elles fut même dispensée dans les trois salles du village à des dates très rapprochées : patronage, nouveau salon, vieux salon !
Une clique
(tambours et clairons), dénommée « CLIQUE DE LA JEUNE PAUME »,
composée exclusivement de jeunes exécutants, fut créée et placée
sous la direction du gendarme JEAN SOYEZ, lequel passa la baguette à
EDMOND ROBERTE lorsqu’il quitta le village. La clique, forte d’une
quinzaine de jeunes « musiciens », se produisit à de multiples
reprises, notamment à la SAINT HUBERT et à l’occasion d’importantes
luttes de jeu de balle. Elle recueillait toujours un franc succès.
Les répétitions avaient lieu au patronage.
La vie du SYNDICAT
D’INITIATIVE, tout comme celle de la clique, fut pourtant éphémère :
elle dépassa à peine les cinq ans.
QUARANTENAIRE DE
L’UNION : 1965
Le dimanche 12
décembre 1965, L’UNION célébra son quarantième anniversaire. Au cours de
la grand-messe, elle interpréta plusieurs œuvres de qualité (Hommage au
chef ; Louise de Bettignies ; Dans le jardin d’un monastère ; Firenza ;
Marche de l’école royale militaire) sous la baguette de JEAN CARLIER.
Lors du retour vers le local, un arrêt au monument aux morts donna lieu
à l’exécution de la brabançonne. S’ensuivit alors une séance académique
au vieux salon en présence d’une foule nombreuse au cours de laquelle
furent remises les distinctions à huit jubilaires, fondateurs de la
société : FLORIDE CARLIER, ALPHONSE HELLIN, LOUIS HERCHEUX, RENE
HOTTIAUX, EUGENE JURION, GEORGES LUCAS, FRANCOIS MARGHEM, MAURICE
SALIGOT.
La présence du premier
chef, VICTORIEN WALLEMACQ, fut chaudement saluée.
Visite à quelques membres cafetiers, banquet et bal terminèrent la
journée. Les festivités proprement dites prirent fin le lundi soir après
le banquet de clôture entre musiciens.
Quelques mois avant le
quarantenaire, la fanfare eut à déplorer le décès de :
son président JOSEPH FONTAINE ; c’est ROBERT LUCAS qui lui succéda. Quant à la vice-présidence, elle fut dévolue à OSCAR VANDENNIEUWENBROECK, de Wiers ;
CYR TANFIN ; au
début de la décennie 1950, il avait remis son café et le vieux salon
pour exploitation à JEAN JURION ; même après cette cession, son
nom resta toujours étroitement associé à la dénomination des deux
établissements ; ce n’est que très progressivement qu’on parla du
CAFE JURION et du SALON JURION.
Suite à la disparition de
LA ROYALE, L’UNION se retrouva en quelque sorte « orpheline », mais même
sans l’aiguillon de l’émulation qu’avait engendré l’esprit de compétition,
elle continua sur sa lancée jusqu’au début de la dernière décennie du siècle
passé. C’est en effet en décembre 1992 que fut célébrée sa Sainte Cécile
pour la dernière fois.
Pendant cette
période :
elle continua à
rehausser de sa présence les processions et cérémonies patriotiques
tant qu’elles eurent lieu ;
elle participa chaque année à la fête de Saint Hubert (chasse et nature) de 1963 à 1981 ;
elle organisa, chaque 11 novembre, des séances éducatives à caractère musical, couplées avec un concert, au salon JURION ;
elle participa au tournoi de l’IPEL en 1966 ;
elle continua à célébrer la fête de la moisson, en même temps parfois que le tir du roi.
En 1969, L’UNION fit
procéder à une remise en état complète de son drapeau, traduisant par là
la confiance de ses dirigeants dans l’avenir.
A l’occasion de la
Sainte Cécile de 1969, MAURICE VICO fut nommé vice-président, en
remplacement d’OSCAR, démissionnaire. Témoignage d’ouverture de la
part de la fanfare ? Probablement, car MAURICE était venu grossir les
rangs de L’UNION après la disparition de LA ROYALE, dont il était
musicien. De 1969 à 1975, MAURICE et son épouse ont reçu les
musiciens de L’UNION à souper chez eux à Gaurain à cinq reprises.
A partir de 1970,
L’UNION fêta sa Sainte Cécile le samedi. Après avoir solennisé la messe
du soir, les musiciens rentraient au Salon JURION où se tenait un grand
banquet, avec orchestre, qui réunissait régulièrement plus de 200
participants au moment du changement de formule.
En 1973, REMY VICO
prit la succession de ROBERT DUTRIEUX en tant que secrétaire.
En 1974, L’UNION
connut son heure de gloire. Jamais auparavant, elle n’avait vécu des
instants aussi mémorables : la célébration de son CINQUANTENAIRE. A
cette occasion, un grand événement musical se déroula dans la localité.
Le premier
volet eut lieu le samedi 31/08/74 et le dimanche 01/09/74. Sous
un vaste chapiteau installé dans la prairie de la Ferme de Morlies,
et en présence d’une foule considérable,
pas moins de six fanfares se produisirent dans un concert de
cinquante minutes, chacune défilant au préalable dans les rues du
village :
FANFARE COMMUNALE, de Laplaigne (dir : RENE VERDIERE)
LA CONCORDE, de Péronnes (dir : JEAN PLAQUET)
SAINTE CECILE, de Gaurain (dir : ADRIEN CUIGNET)
POMPIERS, d’ANTOING (dir : JEAN CARLIER)
SAINTE CECILE, de Vezon (dir : GERARD LOUETTE)
SAINTE CECILE, de Pipaix (dir : GERARD DAMIEN)
Le clou du
programme fut le « show » du WEST MUSIC CLUB (dir : ANDRE WAIGNIEN),
qui fut suivi par 1.700 personnes.
Au cours de la grand-messe du
dimanche, la chorale de Wiers (dir : JEAN CARLIER, de Wiers) fit
impression.
La seconde
partie (le samedi 7 septembre) concerna la séance académique. La
soirée débuta par un déplacement de la fanfare en direction de
l’église, avec halte au monument aux morts, et l’interprétation de
divers morceaux au cours de la célébration eucharistique, sous la
direction de JEAN CARLIER. C’est au salon JURION qu’eut lieu, après
divers discours, la remise de décorations aux jubilaires, parmi
lesquels encore six membres fondateurs : FLORIDE CARLIER, ALPHONSE
HELLIN, LOUIS HERCHEUX, RENE HOTTIAUX, EUGENE JURION, MAURICE
SALIGOT. Un vin d’honneur fut offert par l’administration
communale avec, à sa tête, le bourgmestre MAURICE BRABANT. La fin de
la soirée fut consacrée à la danse.
C’est à cette occasion qu’on
a vu apparaître pour la première fois un élément féminin au sein de
la phalange.
Brusques mouvements à
la direction de L’UNION :
En 1976, pour des raisons de convenances personnelles (officiellement : raisons de santé), ROBERT LUCAS démissionna du poste de président et prit ses distances par rapport à la fanfare. MAURICE VICO lui succéda, tandis qu’ADOLPHE POLLAERT devenait vice-président. Le départ de ROBERT LUCAS amena tout naturellement la disparition de la fête de la moisson, son « enfant chéri ».
Préalablement, le
01/01/1975, le chef JEAN CARLIER passa la main à DION VERDONCK, un
des musiciens de L’UNION qu’il avait formé dès sa prise en charge en
1960, et rentra dans le rang comme simple exécutant. Tout comme son
père, il tint la barre pendant 15 ans. La transition se passa
en douceur ; DION poursuivit l’œuvre développée par JEAN CARLIER, de
sorte que la qualité des interprétations n’eut rien à envier aux
précédentes. L’aide apportée par des musiciens des fanfares SAINTE
CECILE de Vezon et, de plus en plus de Gaurain (DION était musicien
à Gaurain) permit en effet de maintenir un niveau de prestation
élevé. A l’instar de JEAN, il enseigna le solfège à de jeunes
élèves. Le banquet de Sainte Cécile du samedi soir connut
toujours un succès considérable.
En 1982, pour
compenser les fermetures successives de plusieurs débits de boisson et
notamment du Café JURION, une buvette contiguë au vieux salon fut créée
et gérée par une ASBL « Les amis du salon » à laquelle la fanfare fut
partie prenante ; elle participa comme il se devait à son inauguration.
Sous la direction de
DION VERDONCK, L’UNION, notamment :
prêta son concours à l’inauguration du stade de football « Les Monberlots » en 1981 et renouvela sa participation l’année suivante lors de la fête annuelle de la J.U.S. ;
prit part au festival de musiques mis sur pied par le RACCRO au salon JURION, en 1982 ;
conduisit le
cortège à l’occasion du jubilé sacerdotal de l’abbé DEPAUW, curé de
Maubray, en 1986.
Mais en l’absence des processions et défilés patriotiques, les sorties pédestres de la fanfare se raréfièrent ; en fait, la Sainte Cécile annuelle finissait par rester la seule manifestation tangible.
LA SURPRISE DU CHEF : Contre toute attente, DION VERDONCK démissionna en 1990 ; le comité ne procéda pas à son remplacement, dans l’espoir sans doute d’un revirement de sa part. Un peu avant, MAURICE VICO, le président, décéda ; ADOLPHE POLLAERT prit en charge sa succession.
La Sainte Cécile de 1991 fut fêtée en février 1992, et ce fut la fanfare de Gaurain, dirigée par WALTER LEROY, qui solennisa la messe du samedi soir !!!
L’année 1992, en
décembre, fut celle de la dernière Sainte Cécile de L’UNION et, une fois
encore, la fanfare de Gaurain fut mise à contribution.
Suite et fin : Ainsi s’achevait fin 1992 132 années de vie musicale à Maubray. Tous les efforts n’ont probablement pas été déployés en vue d’assurer son futur et on ne peut que le déplorer, car il se dit souvent qu’un village sans fanfare est un village mort. Il est difficile de croire ou d’admettre qu’il n’y ait plus de jeunes talents en herbe dans la localité alors que la plupart des fanfares voisines en découvrent tous les jours au sein de leur population.
La FANFARE L’UNION n’est toujours pas dissoute et elle dispose de ressources financières considérables ; alors, il suffirait peut-être de l’arrivée « providentielle » d’un CHEF pour relancer la mécanique… ???
OMER HELLIN
Merci à SERGE ROMMES d’avoir pris l’initiative d’ouvrir un site INTERNET consacré à Maubray et de m’avoir donné, dans la foulée, l’opportunité de retracer l’histoire de la vie musicale du village et de ses péripéties. Sans sa détermination à vouloir en reconstituer le passé le plus fidèlement possible et sans sa demande insistante, je n’aurais probablement jamais « mis en musique » la somme d’informations en ma possession, ni procédé à de nouvelles recherches en vue de compléter le puzzle, indépendamment de l’effort de mémoire que je me suis imposé. Il est finalement heureux que tout ce pan de la vie locale ne soit pas perdu et puisse être aisément transmis, grâce au NET, aux générations suivantes.
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