GRANDE SABLIERE (ou SABLIERE PLAQUET)
Aujourd'hui Réserve naturelle domaniale de la Sablière de Maubray
Auteur : Omer HELLIN
Maubray se trouve à la limite d’une zone sablonneuse (au Sud) et limoneuse (au Nord). Plusieurs sablières, à différents endroits du village, y furent exploitées au cours du temps. La plus importante était le fait de la famille PLAQUET. Située entre la voie de chemin de fer et le moulin du Maugré (c’est-à-dire entre le Chemin du renard et la Chaussée de Grand Camp), l’entreprise cessa toute activité en 1950, par suite du coût trop élevé de la main-d’œuvre et des transports, et surtout suite à l’appauvrissement des couches. La coupe géologique faisait apparaître différentes strates, qui toutes furent valorisées :
- en surface, une couche de 3 à 5 mètres de terres argileuses recouvrait un sable utilisable pour la fabrication de tuiles et de briques,
- venait ensuite une couche de 10 à 12 mètres de sable blanc maigre convenant pour la construction et le pavage des routes,
- puis une couche de 10 à 18 mètres de sable plus fin et plus gras, destiné au moulage de la fonte et du cuivre.
Les trois photos suivantes datent de 1932; elles montrent des ouvriers au travail (il devait y en avoir une dizaine) à proximité d’une excavatrice et de wagonnets :
Le sable était emporté tantôt par camions tantôt par la voie ferrée; un emplacement était aménagé pour les wagons le long de la ligne de chemin de fer, avec raccordement direct sur celle-ci.
A la fin de la guerre 40-45, des sabotages répétés perpétrés par des résistants rendirent inutilisables cette déviation vers la ligne de chemin de fer ainsi que les machines d’extraction; régulièrement, les roues des wagons stationnant sur la voie de garage explosaient, ce qui paralysait totalement le transport. Le sabotage de janvier 1944 (perpétré par Marcel DEVAUX, Marcel DELPLANQUE et André DUMONT, de la Compagnie BON COMBAT) mit le chantier hors d’usage; de ce fait, les fonderies de Gand, dont les moules contribuaient à la construction du mur de l’Atlantique, durent arrêter leurs activités pendant un certain temps. En 1952, deux ans après l’arrêt de l’exploitation, la sablière présentait l’aspect suivant :Le terrain resta à l’abandon et une végétation abondante s’y développa. Le site fut notamment utilisé pour l’organisation de motocross; ainsi, des épreuves à caractère international s’y déroulèrent notamment de 1974 à 1979 (6 au total). Il était considéré comme un des plus beaux et des plus sélectifs circuits de la région, impressionnant tant par ses descentes que par ses montées abruptes. Plus tard, il servit aussi comme centre de tir aux clays, mais aussi, malheureusement…de décharge sauvage d’immondices :
En 1992, lorsque l’intercommunale IPALLE dévoila les 11 sites susceptibles d’accueillir des décharges de classe 2 et 3, la sablière figurait parmi eux. Il était proposé d’y déverser des déchets solides et inertes résultant, entre autres, de la construction et des travaux routiers. D’autre part, la SNCB envisageait aussi de combler ce site avec les terres de remblais du TGV.
MAIS, en 1992, on découvrit que les lieux étaient occupés par 300 couples d’hirondelles de rivage, soit le site le plus peuplé de Belgique et une colonie unique en Wallonie. Afin de protéger ces oiseaux, en voie de disparition, la commune d’Antoing a immédiatement introduit auprès des autorités de tutelle une demande de classement comme site protégé (refuge pour la faune et la flore). L’espèce y était présente depuis au moins quatre ans, selon les spécialistes.
Ces hirondelles recherchaient des roches meubles dans lesquelles elles pouvaient creuser leurs galeries de nidification.Environ 400 terriers, de 1 à 2 mètres de longueur étaient creusés dans la falaise.
La sablière fut reconnue comme site de grand intérêt biologique ainsi que réserve naturelle domaniale (Division Nature et Forêts) par arrêté du gouvernement wallon du 14/02/2008.
A présent , les hirondelles semblent avoir déserté le site. Mais en septembre 2010, quelques jeunes de l’entité, chargés d’embellir celle-ci, ont débroussaillé la paroi de sable qui servait de falaise aux hirondelles, dans l’espoir de les voir revenir un jour !
Le site de la Réserve naturelle domaniale de la Sablière de Maubray de nos jours
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