Genèse
Une des premières
références manuscrites portant la dénomination « MAUBRAY » remonte à l’année
1126, lors de la cession de la ferme de Bouchegnies par SIGER, doyen du
chapitre d’Antoing, à l’abbé OGIER, fondateur des abbayes de Saint-Médard
(à Tournai) et de Saint-Nicolas-des-Prés (à Chercq).
Comme on ne retrouve pas
le nom latinisé du village, il semble ne pas avoir existé à l’époque
romaine; il serait donc plus jeune.
Mais d’où vient son appellation ?
Il faut se rappeler qu’après les invasions normandes à la fin du 9e siècle,
dans un souci de défense des territoires, l’érection de places fortes –
notamment de châteaux – fut, d’une manière générale, un fait certain. C’est
ainsi que, selon la tradition locale, une famille dite « de Maubray »,
héritant son nom de la terre même où elle vivait ( = mauvais brai), occupa
le « château des loups » , qu’elle fit elle-même construire selon toute
vraisemblance; ce château se situait, semble-t-il, entre Grand camp et le
Burisiau (il aurait été brûlé lors du siège de Condé, en 1676).
Cette
famille de Maubray, en langage
héraldique portait :
« d’azur, à trois casques d’or tarés au
tiers, grilletés de gueules » azur : bleu tarés : posés, tournés grilletés : pourvus d’une grille gueules : rouges. Ces armoiries deviendront plus tard celles de la commune de Maubray . |
A la « famille de Maubray » succédèrent les « de Cordes, dits de Waudripont ». Plusieurs chevaliers de cette maison allèrent combattre en Palestine lors des croisades. Deux des frères (Thierry et Hue) périrent dans une des expéditions entreprises par les croisés. Une ancienne légende nous apprend qu’ils combattirent comme des lions les infidèles ; percés tous deux du même fer, ils furent trouvés dos contre dos aux abords d’un pont qu’ils défendaient. C’est pourquoi, en 1202, la famille prit pour armes « deux lions de gueules adossés sur fond d’or » avec cette devise :
« Cul à cul Waudripont ».
Un certain Pierre de Waudripont, époux de Catherine Dessus le Pont, décéda en 1350; son mausolée se trouvait dans l’église du Couvent des Frères Mineurs ; l’édifice, fondé par l’évêque Walter de Marvis, fut supprimé à la révolution française.
En 1388 naissait un autre Pierre de Waudripont,
bourgeois de Tournai. En deuxièmes noces, vers 1424, il épousa Jacqueline de
Maubray, fille de Jacques de Maubray.
Du second lit naquirent trois
enfants : Jehan, Catherine, Antoine (ou Antoinette ?). Elle mourut, étant
veuve, en 1476.
En 1515, Arnould de Cordes était seigneur de Maubray .
Maubray est une ancienne terre franche flamande de
la châtellenie d’Ath, réunie au Tournaisis en 1669. La dîme et le patronat
appartenaient au chapitre d’Antoing ; la seigneurie dépendait de la terre du
même lieu.
Maubray fut détruit (rasé, brûlé) en 1676, lors du
siège de Condé, par Louis XIV. La France convoitait depuis longtemps cette
ville, due à son importance en matière de circulation fluviale; elle
appartenait à l’Espagne, tout comme nos provinces.
Dans la nuit du 4 août 1792, il s’y livra un combat
acharné entre Français et Autrichiens. Les Français, sous les ordres de
Dumouriez, avaient établi leur camp à Maulde. Les Autrichiens, quant à eux,
campaient à Maubray ; le comte de Latour, qui les commandait, avait installé
son quartier général à la ferme de Morlies. Les Français s’emparèrent de
celle-ci sans toutefois y rencontrer une grand résistance.
Etymologie : Le nom actuel (MAUBRAY) a connu plusieurs modifications au fil du temps :
A l’origine : probablement MAUBRAY
Vers 1186 : MAMBRAY
Vers 1294 : MOWBRAY ou MOUBRAI,
Il put y avoir eu aussi Mombré ( ?),
ce qui devait vouloir dire « mauvaise boue, mauvaise terre, mauvais sol », puisque :
MAU ou MAL = mauvais
BRAI = boue (au 12e siècle, « brai » avait le sens de « boue »).
L’étymologie nous donne aussi un éclairage sur la signification à donner aux différents hameaux de Maubray :
VEZONCHAU – VEZONCHAL ou VESAUCHIEL : ce hameau est cité en 1065 dans une charte de Bauduin 1er sous le nom de VESONIOLUM, qui signifie « petit Vezon » ; il fit partie d’Antoing jusqu’en 1816,
GRAND CAMP : grand champ,
MORLIES, MORLIEX : lieu du marais,
BURISIAU : petit hameau ; ce mot vient de BURICA, cabane,
TROU DE POTIER : lieu d’extraction de la terre à potier.
A une époque encore un peu plus reculée, le pays est entièrement recouvert de forêts, les hommes vivent plutôt au bord de l'Escaut mais sont souvent victimes des incursions barbares, dangereuses et dévastatrices. Des hommes décident alors, pour se protéger, de remonter une petite rivière "Le Rosoir" qui se glisse dans les bois à travers de nombreux marécages. Une première halte est faite sur un premier marais : Vezonchaux est né. En continuant à remonter le Rosoir, ils rencontrent un confluent, certains partent à gauche et arriveront à la source du Rosoir pour créer ce qui deviendra Vezon, d'autres, ceux qui sont partis à gauche, suivront le petit ru qui les mènera le long de vallons prometteurs. Un marais s'étale au fond d'une large cuvette. Le marais de Maubray vient de trouver son destin.
L'église Saint-Amand et le marais de Maubray (à gauche
de l'église) vers 1965-70
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